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UT4M 2019
Bienvenue sur mon blog.
Il n'est jamais trop tard pour s'y mettre ! N'ayant jamais pratiqué de sport, je suis venu à la course à pied par hasard l'année de mes 40 ans.
Comment on devient sportif sur le tard ?
Lire ici.
Ce blog n’a pas la prétention de me mettre en valeur.
Outre le côté archivages, il a pour but de donner envie à d’autres de se lancer, ou simplement de découvrir.
L’idée m’en a été donnée après mon premier défi « trail », en août 2008 (98 km autour du Mont Blanc - CCC), avec une énorme envie de partager mes impressions. Et petit à petit, j’ai pris autant de plaisir à « raconter » qu’à courir …
Mes 10 premières années de courses à pied : découvrez la rétrospective dans le détail ici.
N'hésitez pas à me rendre visite régulièrement et me laisser vos commentaires. Merci.
Bernard. (Bernard RONGVAUX, Virton, Belgique)

"On ne s'arrête pas de courir parce qu'on vieillit, on vieillit parce qu'on arrête de courir"

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lundi 31 août 2009

• Ultra Trail du Mont Blanc : CCC 2009

http://www.ultratrailmb.com

Vendredi 28 et samedi 29 août 2009

• ULTRA TRAIL du MONT BLANC : CCC®
Courmayeur (Italie) – Champex (Suisse) – Chamonix (France)
98 km, 5600 m de dénivelé positif, 5700 de dénivelé négatif
2 cols à 2600 m, 3 cols à 2100 m. - 26 h maxi




Un profil "frémissant"...!!




Après ma première tentative réussie de l’an dernier, je n’avais qu’une seule envie: remettre ça !
Et je ne fus pas le seul, nos compte-rendu donnèrent envie à plus d’un de nos amis (et amies) trailers de nous suivre. David et Didier se sentent également de taille à retenter l’aventure ; Isabelle, n’ayant pas été sélectionnée l’an passé, sera aussi de la partie (et ne savait toujours pas 2 jours avant la course si son médecin l’autoriserait à courir ); suivis de Marie-France, Maria et Yannick, Frédéric, Sylvain, ainsi que Thierry qui tente le grand tour (166 km). Nous aurons une pensée pour notre ami Philippe qui s’est malheureusement fait une belle entorse lors de nos reconnaissances de juillet, et sera donc forfait.

C’est une belle petite équipe qui se retrouve mercredi soir aux Houches, base de notre nouvelle « expédition ».

Jeudi, retrait des dossards à Chamonix, et plombage du sac contenant le matériel obligatoire. Ce sera pour nous (Isa et moi) l’occasion (l’unique certainement…) de nous retrouver sur les talons de…Dawa Sherpa, grand spécialiste et favori de cette course mythique.
Au centre : Dawa fiimé par une télé japonaise.

On en profite pour faire un peu de lèche-boutique dans le « village-trail », petit coucou chez nos amis Raidlight, en temps que membres du team, faire connaissance de David et apercevoir Benoit Laval ; visite de courtoisie chez UFO, petite interview pour le magazine en ligne Over-Element ; plus quelques infos sur nos prochains trails… Et en fin de journée, on en a même oublié l’apéro Raidlight !!

Mon objectif premier : terminer dans les délais en aussi bonne forme que l'an dernier.
Mon deuxième objectif : gagner 2h sur mon temps précédent, ce que je sens assez facilement à ma portée.
Mon troisième objectif (inavoué avant la course) : faire ma course avec ma fidèle Isabelle et pouvoir terminer ensemble !!

Vendredi 28 août.
Départ de l’hôtel vers 07h45, direction Chamonix pour prendre le bus à destination de Courmayeur (Italie) via le Tunnel du Mont-Blanc.
Yannick est un peu tendu en voiture, on ne trouve pas de place pour se garer ; ensuite on ne s’est même pas renseignés de l’endroit de départ des bus ; puis c’est Isa qui se rend compte qu’elle a oublié son gobelet à l’hôtel …. Ainsi que le sandwich au jambon soigneusement préparé la veille !! Ah, là là, ça commence bien !! Mais bon, relax, no stress, c’est pas le moment. Petit détour par la boulangerie proche, sandwich d’appoint et cul de bouteille en guise de gobelet, Isa ne se laisse jamais abattre !

Arrivée à Courmayeur (Italie), rassemblement de l’équipe pour la photo de groupe, puis montée vers la zone de départ.

Nous avions décidé de partir tous ensemble en milieu de peloton (afin d’éviter les bouchons éventuels au début du premier col), pour les quelques premiers km, et ensuite, chacun gérerait sa course, mis à part Maria et Yannick qui, prudents (trop ?), décident de partir en queue de peloton.
En fait, après dépôt de mon sac contenant des affaires pour l’arrivée, je me retrouve coincé dans le dernier quart du peloton, seul (enfin parmi 1800 partants quand même…), un peu perdu. Je me voyais déjà faire ma course tout seul….quand mon gsm se met à sonner : c’est Isa, qui est …perdue tout en queue de peloton ! J’agite mes bâtons en guise de repère et elle arrivera tant bien que mal à se frayer un chemin à travers cette foule compacte, affublée de sac à dos et autre bâtons !

Bon, cette fois nous ne sommes plus seuls. Nous ne nous donnons pas les dernières consignes de course, puisque nous n’en avons pas prévues. On part ensemble, sans savoir ce que cette expédition nous réserve. Run and see, and good luck !!
Sourire et détente avant le départ

Oups, j’en avais presque oublié de manger ma banane de 10h, juste avant le départ. Un spectateur compréhensif (malgré lui…) sera chargé d’éliminer la pelure…

10h02’ : c’est parti sous les applaudissements de la foule en délire et avec la musique envoûtante de Vangelis. Le soleil se fait déjà bien sentir et la journée s’annonce chaude.

Premier objectif, le refuge de Bertone (alt 1989m, km12), soit une ascension douce au début (360m d’élévation sur 7 km), avec juste un léger bouchon de 2 à 3 min à mi-parcours.
Juste un petit bouchon...


Suivie d’une montée plus raide (410m sur 5,6 km). Premier ravitaillement boissons, et présence de notre fan club Jean-Louis, Hélène et Patrick :
- « Salut les gars, ça roule !! »
- « Les autres sont 10min devant… »
- « Merci ! ».

Nous avons 25’ d’avance sur le temps estimé du plus lent, et donc un peu plus sur la barrière horaire. J’ai seulement l’impression en regardant derrière moi qu’il n’y a pas des masses de concurrents (en réalité, presque 500 quand même, puisque nous sommes pointés à la 1331e place). Mais qu’importe, nous sommes seulement au tout début de notre course. No panic !

Nous attaquons ensuite réellement le premier col, la Tête de la Tronche (alt 2584m, km 16) par une montée raide d’environ 2,5 km, puis plus douce et très longue, sur la crête, avec une multitude de petits bonshommes en file devant nous, presque à perte de vue. Ca chauffe pas mal, l’allure est bonne. Nous avons déjà absorbé 1483 m de montée. Et on n’a pas gardé traces de la …tronche de nos têtes en franchissant le col !!
Tout au fond : Courmayeur.

C'est raide !!



Descente raide par le col Sapin, puis par Armina et la ferme de Sécheron pour atteindre le refuge Bonatti (alt 2020, km 22). C’est assez roulant et nous en profitons pour nous dégourdir les jambes, sans jamais trop forcer, histoire de toujours ménager le genou d’Isabelle, sans savoir comment le strapping mis en place va agir. Nous avons perdu 564 m en altitude sur 5,5 km. Nous avons augmenté notre avance de presque 50’. Et nous rejoignons notre petite équipe ( à l’exception de Fred , plus fort, qu’on ne reverra …qu’après l’arrivée !) , qui repartira juste devant nous.
Le plein d’eau, ravitaillement coca, eau pét, soupe au vermicelle (un vrai régal !) et nous repartons à l’assaut de l’objectif suivant : la première barrière horaire et ravitaillement complet à Arnuva (alt 1769m, km 26,2). Soit 4,4 km sur une portion assez roulante qui se termine en descente abrupte en lacets. Nous y serons à 15h28, soit à 1h32 de la barrière horaire (1245e). Tout va donc pour le mieux. Ravitaillement liquide et solide (saucisson, fromage, pain, gâteaux …le must, quoi !), le plein de la poche à eau additionnée du complément vitaminé, une dizaine de minutes d’arrêt et c’est de nouveau reparti.

Ici et là, on tente bien d’engager la causette avec d’autres concurrents, mais la course en file indienne ne facilite pas les conversations. Ne parlons pas des quelques blagues qui n’ont eu le mérite que de nous faire rire nous-mêmes… ! Ils ont l’air tous si concentrés !!

Le soleil cogne, mais un léger vent salutaire se fait sentir. Deuxième grosse difficulté : le Grand Col Ferret ( alt 2537, km 30,7) , soit 768 m d’élévation sur 4,5 km ; via le refuge Elena, que nous contournons par l’arrière, en profitant de la petite fontaine pour se rafraîchir. Il nous faudra 1h20’ pour passer le col, en montée raide mais régulière qui permet de garder un bon rythme. Déjà, nous voyons certains concurrents épuisés, arrêtés, au bord de l’abandon, après seulement 30 km et environ 6h30 de course. Ne pas se laisser décourager, garder le moral au top ! Le passage du col marque également la frontière entre l’Italie et la Suisse. Il est 16h57 et nous sommes 1127e.
Souvenir du Grand Col Ferret.


C’est maintenant la grande descente, d’abord jusqu’à La Fouly ( alt 1593, km 40,1), soit un dénivelé négatif de 944m sur 9,5 km. D’abord en pente relativement douce, puis quelques passages plus raides, suivis de « petites » bosses, pour finir, après deux passages raides, sur une portion de route jusqu’au milieu du village. Après 3 km, je dois absolument faire un arrêt WC au refuge de La Peule. Isa prend mes bâtons, je « fais » au plus vite, mais même sur 5’, c’est fou le nombre de concurrents qui vous dépasse. Qu’importe, allégé, j’entame une course poursuite pour rattraper ma co-équipière au plus vite. C’est sans compter les concurrents à dépasser, et les chemins étroits et tortueux. Il me faudra quasi 1h, une bonne chute dans un talus lors d’un dépassement (ouf, pas de bobos !), deux passages en montée et deux descentes « à fond » sans mes bâtons (en repassant Sylvain qui a l’air de bien s’en sortir…), pour la rejoindre juste à l’entrée du village. Juste là où, cette chère Isa décide d’aller siroter un bon coca light sur la première terrasse accueillante. Ben voyons, relax ! J’en profite pour marcher un peu et récupérer de cette « remontée sauvage » dont j’ai craint un moment qu’elle ne mette en péril le reste de ma course. Mais il n’en fut rien, heureusement. Ravitaillement complet, petite pause « buffet campagnard gratuit ».
Finalement, on n'est pas si mal, ici !


Nous repartons avec 1h33 (1084e) d’avance sur la barrière horaire (fixée à 20h15). C’est le seul endroit où nous n’avons pas repris de temps, à cause de mon « arrêt intermédiaire » non programmé. La suite est en pente douce, sur terrain roulant, juste quelques passages délicats, jusqu’à Issert, en accusant encore un dénivelé négatif de 538m sur 10 km, avec une pause « rafraîchissement-douche » à la fontaine de Praz-de-Fort (charmant petit village). On attaque ensuite la montée vers Champex-Lac, soit un D+ de 422 m sur 4,5 km.
Au pied de la côte, Isa crie sa joie d’avoir franchi sa distance la plus longue en course jusque là : 51 km. Félicitations !
Le soir tombe et il fait de plus en plus noir. Nous sommes en petite colonne, et seul 1 concurrent, à l’arrière, prendra le temps de sortir sa frontale, tous les autres attendent le ravitaillement (complet , avec même des pâtes !) de Champex (alt 1477, km 54,7). L’allure est bonne, nous dépassons au fur et à mesure de notre avancée, pour prendre le commandement de la colonne à l’entrée de la ville. Encore quelques minutes et nous y sommes : l’accueil est chaleureux, speaker, public nombreux, et chapiteau surchargé par les amis et les familles qui viennent encourager les nombreux coureurs qui profitent de cette mi-course pour se refaire une santé. Chose que nous faisons également, arrivés avec 2h22’ (wouahh !!! je n’ose y croire…) sur la barrière horaire, nous nous accordons une bonne demi-heure de pause.
Ravitaillement, 2 bols de soupe, toilette des pieds pour Isa (pour ma part, aucun bobo, donc je ne touche à rien…), plein d’eau, placement des lampes (front et ceinture). Le temps de refiler un médicament contre le mal de ventre à la petite polonaise, pliée en deux de douleur et bien malheureuse, assise en face de nous, de lui prodiguer tous nos encouragements, et nous voilà repartis dans la nuit noire, avec encore 01h46 d’avance et en 954e position!! Nous croisons David qui arrive (suivi par la télévision nationale belge, il se doit d’assurer jusqu’au bout… !!!) et Sylvain. Et notre fan-club juste à la sortie.

Tout va bien, pas de fatigue marquée, aucun problème physique, moral bon, les genoux d’Isa suivent sans rechigner. Prochaine étape : l’ascension de Bovine (alt 1987m, km 64), tant redoutée, car casse-pattes et très irrégulière. Après une partie roulante (environ 5 km) qui nous permet de bien digérer et nous réchauffer un peu (la température a bien chuté, mais en courant, il fait encore relativement chaud, nous repartons sans mettre de couche supplémentaire), nous abordons une de mes portions préférée, un D+ de 657m sur 4,5 km.
Ho, hisse !! Chacun son tour !


Surtout, ne jamais perdre de vue le balisage….

Montée relativement lente et prudente, que nous terminerons dans les nuages, visibilité réduite à …quelques mètres devant, pour apercevoir le ravitaillement à quelques dizaines de mètres seulement. Là, il ne fait vraiment pas chaud, nous nous équipons de notre veste coupe-vent. L’équipe est très sympa (comme partout ailleurs….), et l’humour est de la partie. Nous ne traînons pas, quelques minutes suffiront à enfiler notre cocktail habituel coco-eau pét-soupe, car nous apercevons une colonne de loupiotes qui va nous envahir. Il reste encore une légère montée en pente douce pour passer le cap des 2048m à Portalo.

Ensuite, c’est la plongée vers la barrière horaire suivante, à Trient, soit un D- de 748m sur 5,5 km. Descente assez technique, de nuit, gaffe où on met les pieds. Puis plus douce au passage du col de la Forclaz, où de loin, j’entends les cris d’encouragement de Laure, accompagnée de Bertrand, notre fan-club local (les pauvres ont été contraints de déclarer forfait sur l’UTMB…) qui ne ménage pas sa peine à sortir de nuit (il est aux environs de 00h30) afin d’encourager les copains. C’est aux cris de « Salut Laure ! » d’Isabelle, qu’elle s’aperçoit de notre passage…bien plus tôt que ce qu’elle avait envisagé ! Embrassade, photo souvenir, encouragements, et on repart de plus belle ….pour quelques centaines de mètres, car l’autre fan-club, nos accompagnants, sont là également et nous repèrent de justesse. Re-photo, re-encouragements, re-départ. Là, nous voilà boostés pour entamer la dernière descente raide et technique jusqu’à Trient (alt 1300m, km 70,1). Nous pointons alors avec 02h19’ d’avance en 800e position. Plus de 2h, un de mes objectifs est atteint. « On peut assurer, on a une bonne avance » rassurai-je ma co-équipière, pensant que, vu les 2 cols qui nous restent à franchir, nous ne prendrions plus des masses d’avance.

10 min d’arrêt, le temps de faire un petit coucou à une bénévole belge rencontrée l’an dernier au même endroit, et Isa est déjà repartie. Je termine de vérifier le niveau de ma poche à eau, et je m’envole (c’est peu dire…) à sa poursuite. M’envoler est bien le mot, car je file à toutes jambes (j’ai l’impression de prendre le départ d’un 100m), et après quelques dizaines de mètres, en voulant doubler 3 coureurs en ligne, je fais un bond pour éviter les pieds d’une barrière Nadar et me prend en pleine tête (Booooongggggg !!!!) un panneau de signalisation !! Je m’arrête net, porte la main à mon front et me déjure de tous les noms en me retournant vers cet obstacle que je n’avais pas vu !! Constatant que je n’avais pas de blessure (mise à part une belle bosse par la suite…), je repars sous les rires de mes poursuivants. Il me faudra encore pas mal « cavaler » pour rattraper Isa, qui, pendant ce temps, a attaqué le col d’une bonne foulée.

Avant-dernière ascension, Catogne. La montée est raide, mais régulière, en s’adoucissant sur le dessus. On n’y voit rien, juste quelques mètres devant nous, et les autres petites lampes qui brillent au loin, devant et derrière nous. Un D+ de 711m sur 5km. Nous passerons Catogne (alt 2011m, km75) également dans les brumes, et avec une température nettement rafraîchie. Une petite tonnelle, du café, du thé, un feu de bois, et des encouragements, tel est l’accueil réservé au passage des coureurs. Même si nous ne marquons pas l’arrêt, cela fait chaud au cœur et redonne vigueur. Nous avons encore accentué notre avance et sommes alors 712e.
S’ensuit, comme à chaque fois, une descente (c’est pas forcément le plus facile !!!) , via Les Esserts qui marque la frontière Suisse-France. Cette fois d’un dénivelé négatif de 751 m sur 4,5 km, qui nous semble longue, avec des passages raides, puis plus doux, puis ça remonte un peu (heureusement, nos altimètres-GPS nous aident bien dans la gestion de ces portions), pour terminer en véritable plongée dans le dernier km (col des Posettes) pour arriver à Vallorcine (alt 1260m, km 79,6). Barrière-horaire fixée à 07h, nous pointons à 03h55, en 695e position. Ravitaillement complet.
Ici aussi, on n'est pas mal traités !!

Nous repartons avec une avance de 02h52. Encore une demi-heure de grappillée, je n’en reviens pas ! Jusqu’où irons-nous ?
« Jusqu’au bout maintenant, plus qu’un col et « seulement » 17 km », c’est pas le moment de flancher. Loin de nous cette idée.

Nous nous élançons en direction du col des Montets, en pente douce sur 3 km, en papotant tout le long, sous une légère bruine. Jusqu’à la traversée fatidique de la route , qui nous indique le début de la dernière grosse difficulté : l’ascension de la Tête aux Vents , un D+ de 650 m sur 4km, tant redoutée, car la fatigue et les km sont bien présents dans les jambes, et le terrain n’est pas des plus facile ( gros rochers, marches hautes, terrain très varié).
Qu’à cela ne tienne, un de nos rares proches poursuivants n’arrivera pas à nous accrocher. L’allure est donnée, les dépassements se multiplient, l’œil rivé sur notre GPS, et la connaissance du terrain aidant, nous viendrons à bout sans sourciller de ce col, en franchissant les pierreux d’altitude, gras et glissants, dans la brume persistante (alt 2130m, km 88). Normalement, d’ici, nous apercevons le refuge de La Flégère, mais il fait encore nuit et les nuages accrochés aux sommets nous en empêchent.

Direction La Flégère, en suivant un petit groupe impossible à doubler sans prendre de risques. Nous nous abstiendrons, mis à part l’un ou l’autre concurrent qui s’écarte, nous sentant pressant à l’arrière. Avec un D- de 253m sur 3,5 km, la difficulté est mineure, si ce n’est l’état de terrain très caillouteux et parsemé de marches inégales. Le jour se lève dans la brume. Dernier ravitaillement, boissons uniquement (alt 1877, km 91), dernière barrière horaire. Bingo, la montée a été payante : 03h47 d’avance, 604e !! Je jubile !!, C’est inespéré !! L’adrénaline commence à monter légèrement, ça sent la fin. Nous faisons juste un passage éclair, coca en vitesse, et en avant pour la toute dernière épreuve : un D- de pas moins de 842m sur une distance de 7 km. C’est à la fois court et très long.

Nous entamons la descente à 07h06, je l’estime à 1h. « Mais ne prenons pas de risques, ce serait vraiment bête ! ». Isa donne le rythme (genoux oblige), mon GPS se coupe (plus de piles…), je n’ai plus l’heure. Je demande sans cesse l’heure …sans avouer de suite que je rêve d’arriver pour 8h à Chamonix. « Ce serait génial ! ». OK, on tente. La partie la plus accidentée passée, le chemin s’élargit quelque peu et devient plus roulant. Nous augmentons l’allure, pour passer à la limite du sprint dès l’entrée de Cham. Les minutes s’égrènent , et on nous fait tourner et tourner dans la ville…Ca va être juste, il faut encore aller plus vite. Isa me lâche, plus de jus. Non, pas maintenant, allez, 400m…Je la prend par la main et l’emporte de force jusqu’à ce dernier virage, cette dernière ligne droite, cette église en face de nous, et la ligne d’arrivée….
YEAH !!! Main dans la main, tout sourire, 8h sonne…BINGO !!

C’est inespéré, incroyable, sprinter après 98km et 22h de course, quelle folie ! Mais quelle belle folie !! 22h ? « Non, me précise Isabelle, en reprenant son souffle, un peu moins, nous sommes partis à 10h02’ de Courmayeur ».

Eh oui : temps officiel : 21 :58 :48, 556e sur 1266 classés!!186e sur 422 dans ma catégorie (V1-H)
Isabelle : 18e sur 62 (SE-F). Aucun souci avec les genoux, le strapping fut efficace. Petit sms au médecin pour le remercier.

En conclusion, sur les 2h que j’avais envisagé de gagner, en faisant mes montées sages comme l’an dernier, mais en donnant plus dans les descentes, ce seront finalement 4h que nous aurons grappillées tout au long de la course, avec une gestion toute inverse : bon rythme dans les montées, là où Isa se sentait à l’aise, et descentes prudentes ménageant les genoux. Comme quoi, il est vraiment impossible de se donner des consignes sur de telles courses.

C’est pourquoi, je ne raconte pas simplement MA course, mais NOTRE course, car ce fut véritablement une course partagée, vécue à 2, de ravitaillements en ravitaillements !! Ce fut pour moi d’un bonheur intense.
Mes 3 objectifs atteints : terminer en bonne condition physique, gagner non pas 2, ni 3, mais bien 4h sur mon temps précédent, et faire l’entièreté de la course ensemble, c’est plus que je n’en demandais. Merci, merci, merci !!!

Merci à toutes et tous qui nous avez suivis, chez vous par Internet, par SMS, et surtout par votre présence sur place, pour tous les messages reçus, ça fait vraiment chaud au cœur !!

C’est avec une certaine fierté que, veste de « finisher » sur le dos, dans l’après-midi, nous avons rencontré (et immortalisé ce moment) une de nos idoles, Dawa SHERPA, grand favori de l’épreuve (2e en 2008), qui a malheureusement été contraint à l’abandon cette année.
Message de Dawa : "Prenez-y toujours du plaisir!"


Et sur la route du retour, ma décision a été prise : ce sera le grand tour, l’UTMB l’an prochain !! Du moins, le tenter. De là à le réussir….Wait and see !!

PS : pour l’anecdote, la petite polonaise, Agnieszka Konior, a terminé sa course, toujours avec des douleurs ventrales, en 24:23:28. Chapeau !

Résultats de notre petite équipe :
Frédéric : 230e en 19 :12 :40 (V1-H)
Didier : 843e en 24 :02 :12 (V1-H)
David : 882e en 24 :16 :39 (V3-H)
Sylvain : 917e en 24 :26 :02 (V1-H)
Marie-France, Maria et Yannick : abandon à Vallorcine, après 81 km de course

Thierry : 941e en 43 :21 :42 sur l’UTMB (sur 1383 classés)

Une bonne performance des Gaumais !!!

A l’ANNEE PROCHAINE !!!!!

L'album photo complet ici


vendredi 7 août 2009

• Reconnaissance CCC 2009



30, 31 juillet et 01 août 2009
Reconnaissance CCC - Mont-Blanc

Nous avions programmé une reconnaissance du parcours complet de la CCC (Courmayeur-Champex-Chamonix). Nous voilà à pied d'oeuvre.
Au programme, pour la petite équipe de 10 coureurs (4 femmes et 6 hommes) : 98 km en 3 jours. Deux accompagnateurs nous assureront les transferts en voiture.

- Jeudi 30 juillet : départ en car depuis Chamonix pour Courmayeur.
1e étape : Courmayeur- La Fouly 40 km, 2467m D+, 2094m D-. 2 cols : La Tête de la Tronche (2584m) et Grand Col Ferret (2537m).

Nous démarrons de Courmayeur à 09h30. Météo superbe, la journée s'annonce chaude. Le moral des troupes est au beau fixe. On cherche un peu notre chemin dans Courmayeur, puis direction Planpincieux, principalement de la route, pour attaquer enfin la première grosse difficulté.

1483 m d'élévation sur une distance de 16km. La montée est régulière jusqu'au refuge de Bertone, suivie d'une montée plus raide vers la première crête, ensuite plus adoucie mais longue jusqu'au sommet. Cela donne déjà une idée !
juste après le refuge Bertone


On souffle un peu, regroupement, vue magnifique sur la vallée.

Descente via le col Sapin (raide) vers Armina et le refuge Bonatti, où nous faisons notre pic-nic (enfin, pour une partie de l'équipe, celle qui a bien suivi la carte, car les autres se sont trompés à Armina et sont descendus vers la vallée. RDV à Arnuva).
Col Sapin

refuge Bonatti


De Bonatti à Arnuva, le chemin est relativement facile, quelques bosses, des passages plus roulant, et une bonne descente raide vers Arnuva. Là, on retrouve le reste de la troupe (finissant leur repas...!) et départ pour le Grand Col Ferret, élévation de 778m sur 5km. Montée raide mais régulière, en plein soleil. Passage derrière le refuge Elena (2062m). le rythme est pris et le sommet atteint sans encombres.

De là, il n'y a plus qu'à (ben voyons...) se laisser descendre jusqu'à La Fouly (9 km), avec passage à côté du refuge La Peule. Différents seuils de difficultés rencontrés, du roulant en passant par du plus pentu.


Fin de la première journée. On arrive au compte-goutte, le "peloton" s'étant étiré en fonction des capacités de chacun.
Nous avons mis environ 9h15 de "course".
Certains sont ravis, d'autres éreintés, voire découragés, prêts à laisser tomber. Les états d'esprit sont différents. Un bon repas, une bonne nuit (tout cela est bien relatif...) et on verra bien demain.
"C'est dur, quand même !"

- Vendredi 31 juillet : 2e étape : La Fouly - Trient 30 km, 1311 D+, 1604m D-. Montée vers Champex (1477m) et col de Bovine-Portalo (2048m).
Isabelle proposait de partir de bonne heure, pour profiter de la fraîcheur matinale et des couleurs changeantes de la montagne au réveil. Je serai le seul à l'accompagner, les autres préférant ajouter quelques heures de sommeil réparateur.
Départ donc à 06h50, en ce qui nous concerne.
Le reste de l'équipe démarrera 2h plus tard, avec une mise en route assez difficile pour certains, quelques km pour "dérouiller".

De La Fouly à Issert, nous avons 10 km de terrain roulant, parfait pour un échauffement gentil et une mise en jambes progressive. Le temps est doux et très calme, les villages encore endormis.
Praz-de-Fort


Nous attaquons la montée régulière vers Champex-Lac, soit une élévation de 422m sur 5 km.

Petite pause au bord du lac, transat, coca, la belle vie quoi !

Ensuite chemins roulant vers Plan de l'Au (4km) et direction Bovine. Petite erreur de parcours (merci à la dame qui se trouvait par hasard en plein bois au bout du chemin que nous ne devions pas prendre...), mise en place d'une "déviation" pour nos suiveurs, et nous attaquons la montée de Bovine-Portalo (730 m sur 6km).
attention : déviation

traversée d'un torrent, vers Bovine


La montée est lente, parsemée d'embûches (gros cailloux, racines, passages de torrents,...), et chaude. Mais le point de vue (sur Martigny en fond de vallée) et le superbe refuge rétro de Bovine et ses vaches sont une vraie récompense. Pause bien méritée.
Martigny, 1600m plus bas.


Descente vers Trient, fin de notre étape du jour, via le col de la Forclaz. La desente est piègeuse (grosses pierres, racines, passages étroits...). Nous croisons des VTTistes allemandes, qui visiblement ne savent pas dans quoi ils s'embarquent. Isa leur déconseille de poursuivre, la descente de Bovine en VTT est tout simplement impossible. En vain. Nous les aurons prévénus...A un autre endroit, ce sont les vaches qui nous font barrage: de plus, elles sont "chez elles". Nous seront obligés de les contourner par le talus, puis la clôture électrique, pour rejoindre notre chemin plus loin. Ah, les vaches !

Passage plus reposant à la Forclaz, pour ensuite "plonger" vers Trient. Charmant petit village accueillant. Il nous aura fallu environ 7h pour relier nos deux points.
Trient et son église.


Nous avons probablement plus de 2h d'avance sur nos poursuivants. Renseignemnts pris sur les bus et trains, nous décidons de rentrer en stop vers Chamonix. Quelques minutes suffiront, et nous ferons le chemin en camionnette-bétaillère, conduite par un ancien concurrent CCC. Sympa !
Je remonte vers Trient en voiture récupérer le reste de la troupe (pendant qu'Isa se fera une petite piscine...), j'aurai largement encore le temps de déguster une bonne et fraîche "Cardinal".

Les arrivées se font au compte-goutte, dans un bon état de fraîcheur pour les premiers, un peu moins pour les suivants, mais qui n'hésitent pas à se faire un petit sprint malgré tout, pour se donner bonne conscience. Pas de blessés, pas de bobos, tout le monde a apprécié (à des niveaux différents...), c'est là l'essentiel !


- Samedi 1 août : dernière étape : Trient-Chamonix 28 km. 1727m D+, 1925 D-. 2 cols : Catogne (2011m) et La Tête aux vents (2130m). Logement aux Houches.
Retour en voiture (nous logions aux Houches) vers Trient, là où nous avions abandonner le parcours la veille. Quelques étirements. Le temps est plus frais ce matin, mais s'annonce chaud. Ce sera l'étape la plus courte, mais pas la plus facile, j'estime le dernier col le plus technique.

C'est reparti pour attaquer directement la lente, mais régulière, montée de Catogne, via Les Tseppes (711 m sur 5 km). Le peloton s'étire assez rapidement, les niveaux de fatigue et de récupération étant différents après 2 jours de périple et déjà 70 km dans les jambes (en deux fois).

Nous faisons un petit regroupement au sommet, avant la bifircation et la descente. Tout le monde est là ? C'est parti.....!
On ne peut pas se tromper...


La plongée vers Vallorcine est relativement roulante, mis à part l'un ou l'autre petit passage (on perd 750 m d'altitude sur 6km), et je prendrai un réel plaisir à galoper pour me dégourdir les jambes. Je vois que je ne suis pas le seul à apprécier...C'est très bien.
Là, tout en bas, Fred se bat encore avec des vaches !


Pause-regroupement à la terrasse de la petite gare de Vallorcine; nous attendrons relativement longtemps les derniers. Manifestement, cette fois, la descente a fait du dégât: entorse ici, cuisses "explosées" là ...Chacun récupère à son rythme et le départ se fera par vagues successives. RDV à La Flégère. Je mets tout le monde en garde de bien s'hydrater et faire le plein d'eau avant la montée du dernier col qui se fera sous la canicule.

Les 4 premiers km, jusqu'au col des Montets sont en pente douce, et après la traversée de la route, les choses sérieuses commencent. 600m à se prendre sur 4 km, en pente raide en lacets semée de nombreuses "marches" de pierre et de passages très caillouteux.
On croit que c'est le sommet, et bien non, ça monte encore.



Presqu'au sommet, nous aurons la surprise d'être attendus et accompagnés quelques mètres par un habiatnt des lieux, un superbe bouquetin.
C'est pas joli, ça ?



Nous contournons la petite bosse devant nous, traversons le "pierreux" et cette fois, nous apercevons au loin La Flégère. Cela donne des ailes à mon accompagnatrice, et l'on se fait une descente technique et relativement rapide (quel régal !), pour se calmer à quelques encâblures du but (le genoux douloureux d'Isa se rappelant à ses souvenirs...).

Regroupement-terrasse à La Flégère,sous le téléphérique, popoti-papota, coca et eau "pèt". Deux candidats blessés (genoux et cheville) décident, afin de ne pas risquer d'agraver la blessure à un mois de la course, de prendre le téléphérique. Les "traînards" (sans jugement aucun...) sauront bien se débrouiller pour rejoindre "Cham".
Nous décidons, moi et Fred, de nous lancer dans une bonne descente des derniers 7km. En course l'an dernier j'avais mis presque 1h30. Nous visons environ 1h. C'était sans compter sur une accompagnatrice de dernière minute, l'épouse de Sébastien CHAIGNEAU (premier 3 ans de suite du Lybian Challenge, 19e à l'UTMB...) rencontrée à La Flégère et avec qui nous avons échangé bien sympathiquement notre vécu, qui nous fera vivre ...40 min de descente "infernale". Quel plaisir ! Et quelle technique....!

Encore la traversée des rues piétonnes chargées de touristes et nous voilà sur les marches de l'église de Chamonix, et il nous semble entendre la foule qui nous supporte et nous acclame pour la réalisation de notre exploit (faut bien rêver un peu, non ?)!!

Toute l'équipe a terminé, à des degrés différents de fraîcheur, certains se posant de grosses questions, pas tellement sur les capacités physiques, mais sur la gestion des barrières horaires.
Pour ma part, aucun problème physique ni de fatigue particulier n'a perturbé ma reconnaissance. Je me sens au top physiquement et mentalement. Mais tout cela reste bien précaire face à de multiples incertitudes du jour de la course. Mon plus grand souci étant la météo !

Conclusion : ce périple Courmayeur - Champex - Chamonix reste un vrai défi, mais aussi un vrai régal, pour autant que la préparation et la gestion soient très bonnes. Les régions et payasages traversés sont tout simplement sublimes !

Reste à peaufiner l'entraînement, le matériel, et bien se reposer. VIVEMENT FIN AOUT !!

- Dimanche 2 août : retour vers la Belgique après une nuit d'averses et un ciel bien plombé. Comme quoi, cette météo peut changer très vite.