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UT4M 2019
Bienvenue sur mon blog.
Il n'est jamais trop tard pour s'y mettre ! N'ayant jamais pratiqué de sport, je suis venu à la course à pied par hasard l'année de mes 40 ans.
Comment on devient sportif sur le tard ?
Lire ici.
Ce blog n’a pas la prétention de me mettre en valeur.
Outre le côté archivages, il a pour but de donner envie à d’autres de se lancer, ou simplement de découvrir.
L’idée m’en a été donnée après mon premier défi « trail », en août 2008 (98 km autour du Mont Blanc - CCC), avec une énorme envie de partager mes impressions. Et petit à petit, j’ai pris autant de plaisir à « raconter » qu’à courir …
Mes 10 premières années de courses à pied : découvrez la rétrospective dans le détail ici.
N'hésitez pas à me rendre visite régulièrement et me laisser vos commentaires. Merci.
Bernard. (Bernard RONGVAUX, Virton, Belgique)

"On ne s'arrête pas de courir parce qu'on vieillit, on vieillit parce qu'on arrête de courir"

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jeudi 28 septembre 2017

♣ Trail des Aiguilles Rouges, Chamonix (F)



Dimanche 24 septembre 2017

52 km - 3860m D+ - 4100 D-
Chamonix - Servoz



Le Trail des Aiguilles Rouges (TAR, pour les intimes), cela fait des années que j'en entend parler..
"Il est magnifique, tu dois le faire un jour ! "
Bon, ben d'accord. Et comme cette année, nous n'avions rien de prévu à Chamonix ("une année plus soft", avions-nous dit...), nous avons aligné ce fameux TAR. Peu de temps après l'Echappée Belle....

Direction Chamonix donc, sous un ciel radieux, ce qui nous rassure beaucoup, après les 2 semaines pourries, automnales, que nous venons de subir.
Le parcours devrait donc s'avérer superbe, ainsi que les conditions de course.

Samedi, retrait des dossards, sur la mythique Place du Triangle de l'Amitié, au centre de Cham', lieu de départ des festivités. Certes, ce n'est pas l' "aura" de l'UTMB, mais cela reste convivial, et c'est très bien comme ça. Ça cafouille un peu, même, pour la mise en place des différentes tables, pile à 14h00. Mais finalement, tout se passe bien. Pas de contrôle des sacs...

 Rice Party le soir à l'UCPA, et puis dodo, car lever de très bonne heure.
Car le TAR, le grand, part tôt (04h30), tandis que le Petit Tar, lui, part plus tard. Vous suivez ??

Dimanche, 04h00.
Il ne fait pas très chaud, mais moins froid que prévu, environ 8°. Une simple veste suffit pour se garder un peu de chaleur.
Le briefing nous réserve la première surprise : "A ce jour, la météo s’annonce favorable, plutôt ensoleillée, avec des risques de pluie en fin de journée dimanche. Température assez douce à 1 000 m, plus fraîche bien sûr en altitude, mais heureusement plus clémente que ces dix derniers jours. Côté parcours, la neige qui s’est amassée sur les versants nord du massif des Aiguilles Rouges et qui n’a pas encore fondu nous contraint à vous imposer deux variantes sur le parcours : de La Flégère, direction la Tête aux Vents sans passer par le Lac Blanc. Du col du Brévent, descente sur Plan Praz puis remontée au Brévent côté sud.
Ces deux modifications maintiennent exactement la longueur totale de la course et le dénivelé. Elles modifient en revanche les barrières horaires."
Et le nouveau tableau a été publié hier sur le site Internet ! Fallait juste le savoir, c'est malin, hein !!



Cette fois, c'est parti. Trop modestes, nous partons tout en bout de peloton. De toutes façons, ça va monter et s'étirer sur les 6 premiers kms, jusqu'à La Flégère, puis après un "replat" de courte durée, encore sur 3 km jusqu'à la "Tête Aux Vents"(2130m). Soit un dénivelé positif de 1100m sur 9km. Le tout à la frontale.A la queue-leu-leu, ça bouchonne à 2 ou 3 reprises, jusqu'à atteindre le large chemin avant la Flégère.


ça bouchonne au rétrécissement de la Floria (pour les connaisseurs...)

Ensuite, ça s'étire un peu plus.Nous tombons rapidement la veste. Et bien que le passage en altitude est nettement plus froid, je ne prendrai pas la peine de la remettre, notre passage y étant d'assez courte durée. Je prends sur moi (pourtant grand frileux). Céline ne prend pas de risque et se recouvre.
Ensuite, c'est une belle descente pas trop technique,vers le col des Montets, puis plus roulant vers Le Buet. Plongée qui nous ramène à 1340m d'altitude; et que nous connaissons bien, mais dans le sens inverse, puisqu' empruntée par la CCC. C'est juste le lever du jour, mais sans ce superbe lever de soleil qu'on aurait espéré, camouflé derrière un ciel bien nuageux.
La Tête Aux Vents
descente vers les Montets

Céline n'est pas encore bien dans le coup et se veut assez prudente sur cette première descente.
Pour ma part, tout se passe bien, je suis confiant pour la suite.
Nous arrivons au Buet, premier ravitaillement, km16, à 07h51, soit à peine 40min d'avance sur la barrière horaire (08h30). Enfin, c'est ce qu'on pense, car ce qu'on ne sait pas, c'est que la barrière a été avancée à 08h00 !!
Au loin, on entend ...... le brâme du cerf !! Impressionnant...



On ne traîne pas, c'est reparti pour la 2e ascension, le Col de Salenton (2526m), soit 1200m D+ sur 8km. Le début est splendide, le long du torrent et passage à la cascade de Bérard.




Soudain, 3 coups de fusil espacés de quelques secondes. On craint le pire pour le cerf. On ne l'entendra plus....
>Ensuite, la montée n'est pas très raide ni trop technique jusqu'au refuge de la Pierre à Bérard, soit la moitié de la montée. C'est après que ça se corse !!




Et c'est à partir de là que mes petits ennuis vont commencer.... Je ressens une gêne sur le côté de la cuise droite, qui limite ma poussée en montée, pas vraiment une douleur, plutôt ce que j'appellerai une fatigue. Chaque gros rocher à franchir me peine et j'essaie de passer d'abord avec la jambe gauche, ce qui est moins pratique pour un droitier, et en m'aidant un maximum de mes bâtons. Et je vois Céline, petit à petit, prendre de la distance, régulière qu'elle est... Et Dieu sait si, sur cette portion, des rochers il y en a... C'est plutôt bien lunaire.




 
Ohh, hisse! c'est presque de l'escalade...

A hauteur de 2100m environ, les traces de neige apparaissent, mais pas trop gênantes. Les dernières centaines de mètres sont carrément dans une bonne petite couche de poudre blanche. Il ne fait pas très chaud, mais le spectacle est magnifique, je prends malgré tout le temps d'en profiter 2 ou 3 minutes.







Et aussi préparer ma descente. Je ne vois plus Céline...J'attaque le flan opposé, bien raide au début, avec prudence, car le terrain est un peu humide avec la neige qui fond. mais surtout avec l'incertitude de ma jambe. Avec bonheur, je constate qu'en descente, mes sensations sont bonnes et mes problèmes se dissipent. Alors j'en profite et m'en donne à cœur joie, en dévalant "plein pot". Avec l'une ou l'autre petite frayeur....prudence malgré tout :-)




Le terrain s'adoucit mais devient plus humide, avec de nombreuses sentes "à vache", boueuses et en saillies. A la sortie d'une des nombreuses ravines des petits ruisseaux-cascades, en remontant la bosse d'un coup, une crampe surgit à ma jambe gauche. Mais pas une crampe habituelle, une sérieuse qui part du genou jusqu'au bas du ventre. Je dois m'arrêter d'un coup sec, plié en deux, impossible de poser le pied au sol... Vite un gros caillou pour m'asseoir....
Les concurrents qui me suivent s'inquiètent de ma santé, mais je les rassure, ça va passer...Enfin, j'espère... Il me faudra au moins 5 à 6 min de pause forcée avant de me remettre en route doucement, après avoir avalé une dose de "Sporténine". Tout doucement, cela s'atténue.





Le chemin se remet à monter vers le prochain ravitaillement, et c'est ma cuisse droite qui refait des siennes. Cela ne sert à rien de forcer, il me faut juste assurer.... C'est frustrant !
le sentier, c'est en haut à droite ....

C'est tout juste majestueux !!


Km 30, refuge de Moëde-Anterne. Ravitaillement et barrière horaire. Aïe, aïe...Initialement prévue à 12h35, elle est ramenée à 12h00. Et il est ....11h39. Pffffff, faut pas trainer. Le plein de la poche à eau, 2 bols de soupe, 1 coca, l'addition et basta, j'me casse !!
Derrière, ça râle sec...
"Vous imaginez combien de coureurs vous allez laisser sur le carreau ?"
"Ah, ben , c'est ça les Aiguilles Rouges, ça se mérite! "
"Ben, oui, mais faut relativiser, tout le monde n'est pas montagnard, ou alors faites une course que pour les élites. !"



Encore 400m de dénivelé à perdre jusqu'au pont d'Arlève. J'en profite pour trottiner un max, afin de ne pas perdre trop de temps, je crains la mise hors course plus loin...."Ah non, surtout pas ça !!", pensais-je..
Après le pont, on attaque la montée du Brévent. D'abord en pente douce sur une bonne distance. Ce qui me fait penser que ça va encore se durcir sur la fin....


Coup de fil de ma Céline : "Bon, t'en es où ?" D'après son dernier pointage, elle a 15 min d'avance sur moi. Elle est sur la même montée.
"Bon, j'avance comme je peux, mais ne m'attend pas, si tu es bien, continue comme ça".
"Ben oui, ok; mais c'est moins drôle d'être seule..."
Mais pas question d'espérer la rejoindre, ma jambe droite me pénalise chaque fois que ça monte, et comme ma posture n'est pas bonne, j’attrape mal au bas du dos. Je dois m'accorder de temps à autre une petite pause afin de relaxer tout ça, juste 2 ou 3 minutes. J'en profite pour me régaler d'une bonne tartine de pain de mie à la viande des grisons, tout en contemplant le paysage qui m'entoure, c'est déjà au moins ça de pris :-) !!
Et comme prévu, plus loin, le sentier se rétrécit, s'incline et monte en lacet entre les rochers. Le dernier raidillon est à nouveau lunaire, couvert de neige au grip incertain. J'aperçois enfin (après un peu plus de 1h30 d'ascension...) l'énorme cairn qui marque le passage du col du Brévent (alt 2368m) !






En basculant sur l'autre versant, le panorama est tout simplement époustouflant : le fond de vallée avec Chamonix et Les Houches, et en face le massif du Mont-Blanc et ses glaciers !!



Une belle et longue descente, vers Planpraz, assez technique, en lacets, s'ensuit. A nouveau, j'y retrouve tous mes moyens et redouble pas mal de concurrents. En prenant certains petits risques, ma foi, mais il faut un peu compter sur la chance aussi, par moments.


On termine par une raide bosse qui nous amène au ravitaillement du Brévent-Planpraz. Alt 2000m, km 37,5. Barrière horaire :14h35. Il est 14h20 !! Rebelote : soupe, coca, 2 bouts de fromage et zou, c'est reparti.


 Juste eu le temps de comprendre qu'il va falloir monter là-haut...(flèche noire sur la photo).
"Oui, tout là-haut, 50m en dessous du terminus du téléphérique, à la tête de Bellachat".

 Euh..., c'est une blague ? On va passer par où ?? Et bien, je comprendrai plus d'1h plus tard... La montée semblera interminable, et pas que pour moi, car d'autres souffrent également...
D'abord en sentier, puis sur piste de ski très rocailleuse, en contournant le massif pour, effectivement, passer juste en contrebas du terminal, à 2485m d'altitude. Heureusement, le soleil a fait son apparition et nous réchauffe un peu. L'environnement est toujours majestueux, je ne m'en lasse pas !!






De là, direction les Aiguillettes des Houches. Oh, juste un peu plus bas (2285m), sur sentier en crête assez roulant. Là, je peux trottiner assez facilement. Gare où je mets les pieds, je bute de temps à autre sur l'une ou l'autre grosse pierre. Ce n'est pas le moment de s'étaler au sol....;-(  Allez, on se concentre...




Et de nouveau une belle grimpette qui me ralentit, jusqu'au passage des Aiguillettes. OUF, ce sera la dernière grosse difficulté. "Dites-moi que ça ne monte plus !!"



OK, mais ce n'est pas la fin de mon "calvaire".....
Et, apparemment, il reste encore un pointage horaire à franchir, aux Peutets. Ah bon? Mon profil ne le renseigne pas....Mais je sais qu'il ne me faut pas traîner, car ce sera juste pour passer dans les délais....
Je ne sais pas où en est Céline......
Cette fois, c'est une belle descente, la finale. On va se prendre 1300m de dénivelé négatif sur les 10 derniers kms. D'abord en pente douce, en crête, puis on bifurque à gauche, longue pente en lacets, très agréable, sur piste rocailleuse, puis sentier plus souple en forêt. J'accélère par moments, un vrai régal.




Puis, soudain, que vois-je un peu plus bas : ma Céline !! YES !!, Je la rejoins enfin. Elle a ralenti quelque peu, et peste de rage contre ces courses à l'escalade de dénivelés et de difficultés. Elle a hâte d'en finir et jure "qu'on ne l'y reprendra plus ! Ce n'est pas fait pour nous, des courses pareilles !!".

Plus loin, la pente se durcit davantage. Mon dos me fait à nouveau souffrir (en fait, le mal n'a jamais vraiment disparu, même avec un anti-douleur, voire 2...), et comme ce n'était pas suffisant, c'est maintenant mon genou gauche qui déclare forfait. La pente est cette fois trop raide, je dois ralentir et ... marcher!! 
Bon dieu !! Je râle et peste de devoir à nouveau laisser filer ma co-équipière qui, elle, a l'habitude de courir avec mille bobos et se dépêche de terminer son périple. Je la comprends.... Mais je râle surtout de ne pas pouvoir profiter de ces beaux passages en descente, sur sentiers en forêt, là où, d'habitude, je me régale et me défoule. C'est à nouveau frustrant ....
Mais c'est aussi long et surtout lent ! Vais-je passer la dernière barrière ???

Les Peutets, nous sommes quasi au km50. Le pointage limite est fixé à...17h05. Je passe à 16h55. Ouf, ce fut juste... Mais j'aurais bien voulu voir qu'ils essaient de m'arrêter ici, si près du but...!
"Allez, courage, plus que 4,5km".
Quoi? Euh...attendez, 50 + 4,5, ça ne fait pas 52 ça ??
Évidemment, comme bien souvent," il y en a un peu plus, je vous le mets quand même" ?
Mais c'est encore plus dur et interminable quand on est à la traîne....
On rejoint finalement une route, oui une vrai route. Sur le dur, j'arrive à trottiner, mais dès que l'on reprend un sentier de traverse, c'est la galère. D'habitude, pour moi, c'est le contraire. Pffffff....

ça descend bien raide....!
Et comme tout a une fin, j'entre dans Servoz. Dans les derniers 100m, je suis accueilli par ... Céline, qui, arrivée 20min plus tôt (!!!!), immortalise ma fin de galère. "Je suis déglingué", lui lançais-je, d'un ton désespéré...

 Passage de l'arche salvatrice, remise de la médaille de FINISHER, avec tout juste ... 12 min d'avance sur la limite de temps imparti. Bon dieu, ce fut limite.....Et quasi 56km au compteur !!!



Finisher, d'accord, mais même pour un Sportif sur le TARd, j'aurais aimé arriver bien plus tôt !! :-)

Jamais nous ne nous attendions à un parcours aussi sélectif..... Et les avis convergent dans ce sens dans le peloton, beaucoup pestent contre cette "surenchère"... "C'était encore plus dur que l'année dernière" entend-on chuchoter.. Est-ce bien nécessaire ??

Fière, méritante et médaille méritée !!


Résultat : 13:18:36 - 553e/577 classés - 750 partants
   Céline : 12:58:04 - 500e